jeudi 19 avril 2018

ETUDE RECHERCHE L'intensité du travail chez les hommes et les exigences émotionnelles liées au travail chez les femmes sont associées à une augmentation de la suicidalité chez les personnes qui fréquentent les soins primaire

Titre original : Work intensity in men and work-related emotional demands in women are associated with increased suicidality among persons attending primary care
N Younès a, b, , , M Rivière c, d, L Plancke e, A Leroyer f, T Blanchon c, M Azevedo Da Silva c, a, M Melchior c
a EA 40-47 University of Versailles Saint-Quentin, Versailles, France
b Academic Unit of psychiatry for adults, Versailles Hospital, Versailles, France
c Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, INSERM, Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS 1136), F75013, Paris, France
d Department of Infectious Diseases, Centre Hospitalier Régional, Orléans, France
e Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Hauts-de-France, Lille, France
f Univ. Lille, CHU Lille, Institut Pasteur de Lille, EA 4483 - IMPECS – IMPact de l'Environnement Chimique sur la Santé humaine, F-59000 Lille, France
Parmi les travailleurs qui consultent un médecin de soins primaires, 8,0% ont déclaré avoir des idées suicidaires au cours du mois précédent.•   La suicidalité est significativement associée à l'intensité du travail chez les hommes et aux exigences émotionnelles liées au travail chez les femmes.•   Pour prévenir le suicide, une stratégie globale devrait inclure les généralistes.
Contexte
Une grande partie des personnes décédées par suicide sont employées au moment du décès et les facteurs liés au travail contribuent en partie au risque de suicide. Notre objectif était d'examiner l'association entre les multiples aspects de l'organisation du travail et les idées suicidaires dans une étude menée en soins primaires.MéthodesLes données proviennent d'une étude menée auprès de 2 027 patients travaillant dans un service de médecine générale représentant les patients de la région Nord Pas-de-Calais en France (avril-août 2014). La suicidalité a été évaluée en utilisant le MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview). Six facteurs émergents liés au travail ont été explorés (intensité du travail, exigences émotionnelles, autonomie, relations sociales au travail, conflit de valeurs, insécurité du travail). Plusieurs covariables ont été considérées: les caractéristiques du patient et du généraliste, et les données au niveau de la région (privation matérielle et sociale, densité de la présence de psychiatres et  généralistes, tentatives de suicide et taux de suicide)Résultats8,0% des participants ont rapporté des idées suicidaires au cours du mois précédent (7,5% des hommes et 8,6% des femmes, p = 0,03). Dans les analyses multivariées ajustées pour les covariables, la suicidabilité était significativement associée à l'intensité du travail (OR = 1,65; IC 95% [1,18 - 2,31]) chez les hommes et aux exigences émotionnelles liées au travail (OR = 1,35; IC 95% [1,01 - 1,80] ) chez les femmes. Les données au niveau de la zone n'étaient pas associées.