lundi 27 juin 2016

RECHERCHE ETUDE MARTINIQUE Étude POSTA Tome I & Tome II

Étude POSTA : Tome 1 : vers la prévention active et communautaire du suicide en Martinique
Étienne Vacher 1
1 UAG UFRSM - Université des Antilles et de la Guyane - UFR des sciences médicales THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine Hyacinthe BASTARAUD Université des Antilles CHU de Martinique Le 30 novembre 2015
Résumé : PROBLÉMATIQUE. Dans un contexte mondial et national d’urgence sanitaire en santé mentale publique, la situation de la Martinique quant au suicide apparait paradoxale, compte tenu de la plus faible mortalité par suicide (8,8 versus 16/100 000 habitants [Inserm CépiDC - 2005 2008]) et de la moindre prévalence de sujets à risque suicidaire en population générale (11% versus 13,7% [Enquête SMPG - 2000]) par rapport à la France métropolitaine, mais de la plus grande présence relative de facteurs de risque (troubles de l’humeur, troubles psychotiques, consommations avec abus ou dépendance à l’alcool et au crack, états de stress post-traumatique, événements de vie à potentiel traumatique, contexte socio-économique de pauvreté et de chômage,…). OBJECTIFS. L’étude POSTA a pour objectif principal de réaliser une analyse de la population et de la prise en charge initiale et à 6 mois par le système de soins psychiatriques et de médecine générale, des patients « suicidants » et « suicidaires avec antécédent de tentative de suicide » admis aux urgences médico-psychologiques du CHU de Martinique (Site Pierre Zobda Quitman). MÉTHODES. Étude de cohorte, avec d’une part un volet quantitatif, descriptif et analytique observationnel, prospectif en soins courants, monocentrique pendant 2 mois consécutifs (du 5 septembre au 27 octobre 2013 inclus), et avec d’autre part un volet qualitatif par entretiens semi-structurés auprès des médecins traitants de ces mêmes patients. Sur 92 passages aux urgences, correspondant à 90 patients, 66 ont été inclus, 51 ont pu être recontactés à 6 mois, et 20 médecins traitants ont été interviewés. RÉSULTATS. Estimation d’incidence annuelle de 432 admissions aux urgences pour tentative de suicide (108/100 000 habitants). Comparativement à la population martiniquaise, on retrouve une surreprésentation féminine, avec deux pics d’âges (18-30 ans et 45-59 ans), d’individus célibataires, séparés ou divorcés, vivant en collectivité, inactifs (hors étudiants et retraités) ou au chômage. Concernant les actifs ayant un emploi, on constate une surreprésentation d’employés et d’artisans-commerçants-chefs d’entreprises, mais aussi de cadres-professions intellectuelles supérieures. Les ouvriers sont très discrètement surreprésentés. Il s’agit d’une population précaire : quasiment 1 individu sur 2 (45%) de cet échantillon bénéficie de la CMU-C, 1 personne sur 3 bénéficie du RSA (33%). Près de 50% des patients ont réalisé plus d’une tentative de suicide au cours de leur vie. Environ 50% rapportent des antécédents psychiatriques, l’échelle HAD objective 53% d’épisodes dépressifs majeurs à l’inclusion et 31,1% au rappel à 6 mois. Près des deux tiers de cette population rapporte des antécédents d’événements de vie à potentiel traumatique, dont 39% de violences physiques et 30% de violences sexuelles. Le mode opératoire le plus fréquent est l’intoxication médicamenteuse (70%), puis la phlébotomie (13%). Les femmes passent plus souvent à l’acte sous la forme d’intoxications médicamenteuses ou de phlébotomie, dans des contextes de conflits conjugaux et de deuils. Les passages à l’acte plus violents (pendaison, immolation, défenestration) concernent exclusivement des hommes dans cet échantillon, dans des contextes de difficultés financières et de ruptures sentimentales. Le taux de réitération d’idéations suicidaires à 6 mois est de 47%, le taux de réitération de tentative de suicide à 6 mois est de 11,7%. A la comparaison selon le statut vis à vis de la réitération, la régression logistique fait ressortir une corrélation positive entre l’antécédent d’agression sexuelle et le statut de récidivant (P=0,02 ; OR=5,6 ; IC95%=1,3-24,4 ; R²=0,158). A la comparaison selon le mode d’admission, la régression logistique fait ressortir une corrélation positive entre un antécédent d’hospitalisation en psychiatrie et le fait d’être admis aux urgences sous la forme d’idéations suicidaires (p=0,0011 ; OR=17,2 ; IC95% : 3,1-95,4 ; R²=0,280), et une corrélation négative entre le nombre de tentatives de suicide antérieures et le fait d’être admis aux urgences pour idéations suicidaires (p=0,0078 ; OR=0,2 ; IC95% : 0,06-0,7 ; R²=0,280). La prise en charge en médecine générale est très difficile, notamment au niveau de l’orientation vers la psychiatrie. L’évaluation du risque suicidaire est souvent approximative. La demande pour un réseau coordonnée ainsi qu’une formation spécifique est forte. CONCLUSION. Des propositions sont faites pour améliorer la prévention du suicide en Martinique, dans l’attente des résultats de l’étude multicentrique APSOM et du baromètre-santé-DOM-2014. Comme conseillées par l’Observatoire National du Suicide, des études qualitatives et notamment sociologiques seraient également nécessaires.
Mémoires
Psychiatrie et santé mentale. 2015

http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01314114
Acces à la these http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01314114/document


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Étude POSTA Tome II : les médecins généralistes face au suicide en Martinique
Jonathan Ehrhardt 1
1 UAG UFRSM - Université des Antilles et de la Guyane - UFR des sciences médicales

THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Présentée et soutenue publiquement à la Faculté de Médecine Hyacinthe BASTARAUD Université des Antilles CHU de Martinique Le 30 novembre 2015
ETUDE POSTA Etude de cohorte quantitative et qualitative des patients suicidaires et
suicidants admis aux urgences du CHU de Martinique (Site Pierre Zobda-Quitman), et de leur prise en charge à 6 mois et en médecinegénérale
L’étude POSTA a été l’occasion de réaliser deux travaux de thèses de médecine. L’ensemble du travail a été réalisé à chaque étape en collaboration entre les deux internes, sous la supervision des directeurs et co-directeurs des thèses, le Pr Louis JEHEL et le Dr Sandrine LAMY.
Le tome I, correspondant à la thèse d’exercice de psychiatrie d’Etienne VACHER, décrit les résultats quantitatifs de l’analyse de la population suicidante aux urgences et au rappel à 6 mois.
Le tome II, correspondant à la thèse d’exercice de médecine générale de Jonathan EHRHARDT, décrit les résultats qualitatifs de l’analyse du lien avec les médecins généralistes. Cette distinction ne reflète pas la répartition équitable du travail entre les deux internes, mais répond aux exigences administratives de la faculté de médecine de l’université des Antilles.

RÉSUMÉ Problématique :
les recommandations concernant la crise suicidaire insistent sur le travail
pluridisciplinaire entre secteur hospitalier et ambulatoire, ce qu’étudie l’étude POSTA. Les connaissances concernant le travail des médecins généralistes sur le suicide en Martinique sont insuffisantes, alors que leur rôle est majeur.

Objectifs : compléter les connaissances, à l’échelle de la Martinique, concernant les prises en charge réalisées en médecine générale afin de proposer des axes d’amélioration pour participer à l’amélioration de la prise en charge et de la prévention des récidives.

Méthode : réalisation puis analyse d’entretiens individuels auprès de médecins généralistes des patients inclus dans l’étude POSTA en Martinique.
Résultats : Le suicide est rare dans la pratique quotidienne des généralistes, mais bien présente au fil des années. Les médecins sont souvent en difficulté face à la crise suicidaire, faute de savoir -faire et de temps nécessaire, et de problèmes pour l’accès à un avis spécialisé.
L’évaluation du risque suicidaire est souvent approximative.
Les demandes de coordination et formations sont très prononcées. Les axes d’amélioration entrevus sont la l’intensification de formation initiale et continue, et l’accès facilité à l’avis psychiatrique spécialisé. Cela passera en premier lieu par la communication des réseaux déjà existants.
Conclusion : Création d’une fiche d’aide à l’orientation des patients en crise suicidaire à destination des médecins généralistes de Martinique, qui comporte un numéro de téléphone pour avis spécialisé et une grille d’estimation de la dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire.
Comme conseillées par l’Observatoire National du Suicide, des études qualitatives et notamment sociologiques seraient également nécessaires.
http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01308503/document
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