La FIFA lance un projet de recherche sur la santé mentale
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La FIFA a mis en place un nouveau projet de recherche intitulé "Santé mentale et Sport" afin de contribuer à lever le tabou sur les problèmes de santé mentale touchant certains athlètes de haut niveau et de créer une fondation permettant de développer des traitements et de la documentation à l'intention des staffs médicaux, des entraîneurs et des joueurs. 
Malgré quelques cas bien connus, les problèmes de santé mentale sont rarement abordés, que ce soit dans le monde du football ou dans les autres disciplines sportives. Les données scientifiques sur la santé mentale des athlètes sont rares et très peu d'études se sont penchées sur le cas de la santé mentale des footballeurs. La FIFA a donc décidé de lancer un nouveau programme de recherche afin que les joueurs soient plus enclins à aborder ce sujet et à commencer un traitement.
Désignée Joueuse mondiale de la FIFA à trois reprises et diplômée de psychologie, Birgit Prinz officie désormais en tant que psychologue sportif pour une équipe de Bundesliga. Chercheuse principale du projet mis en place par la FIFA, elle travaille en collaboration avec Edgar Schmitt, ancien attaquant de Karlsruhe et de l'Eintracht Francfort et ambassadeur du projet.
"La santé mentale joue un rôle aussi important que la santé physique et les qualités techniques dans le bien-être et les performances d'un joueur de football, que ce soit sur le terrain ou en dehors", affirme Birgit Prinz. "Pourtant, l'accent est rarement mis sur la santé mentale et on part souvent du principe que les joueurs sont mentalement équilibrés. Je pense, et mon expérience le confirme, qu'il est important de voir et de montrer ouvertement qu'il est 'normal' qu'un footballeur professionnel soit soumis au stress, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il va rater sa carrière. En revanche, ça peut être évité, traité et soigné. Il faut briser le mythe selon lequel les joueurs pros sont invulnérables."
450 millions de personnes concernées
Les troubles mentaux et comportementaux ne sont spécifiques à aucun groupe : on les détecte dans n'importe quels régions, pays ou sociétés.
"Environ 450 millions de personnes souffrent de troubles mentaux selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS 2010). Une personne sur quatre développera un ou plusieurs troubles mentaux ou comportementaux au cours de son existence", précise la professeure Astrid Junge, directrice de recherche du F-MARC (Centre d'Évaluation et de Recherche Médicale de la FIFA). "Rien ne prouve que les footballeurs sont épargnés, bien au contraire. Les joueurs de football, notamment ceux qui évoluent à très haut niveau, sont soumis à une forte dose de stress. Pas uniquement en raison des contraintes physiques liées aux matches et aux entraînements, mais également en raison des attentes élevées quant à leurs performances et aux possibles problèmes de concurrence et de mésentente au sein de l'équipe. Le stress est l'un des principaux facteurs de déclenchement des troubles mentaux et comportementaux. Il a été démontré que les facteurs psychologiques augmentent les risques de blessure et les délais de récupération."
Environ 25 % des 180 footballeurs en activité ayant répondu à un récent sondage mis en place par la FIFPro ont indiqué des signes de dépression et/ou d'anxiété. Ce pourcentage est encore plus élevé chez les anciens joueurs. Ces dernières années, le football allemand a vécu une double tragédie avec les suicides successifs de Robert Enke et Andreas Biermann, qui ont mis fin à leurs jours suite à des problèmes de dépression.
Le premier projet de recherche évaluera les "Hauts et les bas pendant et après une carrière de footballeur professionnel", tandis que le deuxième se concentrera sur les "Facteurs de risque et prévention des problèmes de santé mentale". Enfin, un troisième projet analysera les "Effets du sport sur la santé mentale des sportifs amateurs". Le projet sera mené par l'École médicale d'Hambourg, en Allemagne. Un questionnaire en ligne sera envoyé à d'anciens joueurs et joueuses de Bundesliga, le but étant dans un deuxième temps d'étendre les recherches auprès des joueurs de très haut niveau d'autres pays. La confidentialité de l'ensemble des données sera garantie. Les premiers résultats devraient être connus mi-2015.