samedi 26 octobre 2013

MOBILISATION D'ACTEURS SOCIAUX : "Le cri de détresse d'un travailleur indépendant "

Le cri de détresse d'un travailleur indépendant
"On va assister à un suicide." Ce vendredi 25 octobre au matin, l'association Sauvons Nos Entreprises (SNE) qui défend depuis trois ans les TPE contre " les dérives de la caisse du Régime Social des Indépendants (RSI) ", a publié et relayé la lettre d'un artisan menaçant de mettre fin à ses jours.
Pascal Geay, président de l'association, nous explique pourquoi.

Par Sébastien Pommier pour LEntreprise.com, publié le 25/10/2013 http://lentreprise.lexpress.fr/ressources-humaines/le-cri-de-detresse-d-un-travailleur-independant_43862.html

"On va assister à un suicide." Ce vendredi 25 octobre au matin, l'association Sauvons Nos Entreprises (SNE) a publié et relayé la lettre d'un artisan menaçant de mettre fin à ses jours.

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L'Entreprise : Vous avez décidé de diffuser la lettre de cette personne menaçant de mettre fin à ses jours. Pourquoi ?

Pascal Geay : Habituellement, on ne publie jamais ce genre de messages. Mais vu l'ampleur de sa détresse, on l'a fait pour que les gens lui envoient des e-mails de soutien. Beaucoup l'ont fait. Dès qu'on aura des nouvelles positives, ce que j'espère vivement, on l'enlèvera car c'est à double tranchant.
Vous recevez beaucoup de mails comme celui-ci?

Les gens sont à bout. On parle des suicides des agriculteurs, mais moi je suis persuadé que chez les artisans, les commerçants et les libéraux, c'est puissance 40 ! L'association doit recevoir une bonne trentaine de messages de détresse par semaine. C'est vrai que quand vous êtes en liquidation et que les huissiers viennent faire l'inventaire des biens, la situation est terrible.
Comment jugez-vous l'évolution de la situation des indépendants ?

A la base notre association n'était pas là pour faire du cas par cas, mais plutôt pour régler les problèmes, notamment avec le RSI, pour que tous les indépendants puissent travailler correctement. Ce que ce Monsieur a écrit dans son courrier, je l'ai subi, il y a un an. La dépression, l'envie d'en finir... Je suis passé par cette phase moi aussi. Je comprends très bien la situation et hélas on est nombreux comme cela.

Sur La Rochelle, j'ai un cas précis qui me revient. Il y a un an et demi, un vendredi soir, j'étais parti boire le café chez un ami, gérant d'une boutique. Sa femme venait de le quitter, elle ne supportait plus la pression des huissiers. Il m'a dit " Pascal, ne t'inquiète pas. Je vais régler le problème, ça va être rapide ". Le soir même il s'est pendu.
Vous incriminez beaucoup le RSI dans vos actions ? Mais n'est-ce pas plus compliqué que cela ?

En effet. Derrière le RSI, il y a aussi les banques qui ne jouent pas le jeu. L'an passé, en Picardie, une personne a mis fin à ses jours parce que sa banque ne voulait pas lui accorder de crédits pour payer les cotisations qu'il devait au RSI. Et ainsi pouvoir toucher sa retraite.

On essaie de faire comprendre la détresse des travailleurs indépendants. On propose des choses, on frappe aux portes, mais c'est verrouillé de partout. On joue avec la vie des gens.
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