vendredi 2 novembre 2012

PRESSE : VIVRE SON DEUIL

Un lieu où exprimer ses émotions

LE MONDE |
L'association Vivre son deuil propose des groupes de parole, animés par des bénévoles, la plupart non psychologues.

Pour se sentir moins seuls face au chagrin, certains franchissent la porte d'une association d'endeuillés. Il existe des associations pour les veufs et veuves, les parents d'enfants décédés...

Fondée en 1995 par le psychiatre Michel Hanus, Vivre son deuil propose des groupes de parole (de 10 personnes maximum pour 12 séances). Ces groupes sont animés par deux bénévoles, pour la plupart non psychologues, mais ayant reçu une formation sur les spécificités du deuil.
Ce sont des groupes fermés, on n'arrive pas en cours de route, ce qui suppose un engagement de la part des endeuillés, tous d'âges différents, qui évoquent ici leurs émotions sous le regard bienveillant des autres participants et des animateurs. Et ce même plusieurs années après la mort d'un être cher. Car tout deuil peut être réactivé par une perte récente : licenciement, divorce, décès d'un proche... "Ces groupes permettent de briser la solitude, explique Marie-Dominique Durcos, animatrice. Des participants nouent des liens d'amitié et se revoient sans pour autant se focaliser sur la souffrance de leurs deuils respectifs."
SE RÉCONCILIER AVEC LA VIE
Vivre son deuil propose aussi des groupes de parole consacrés aux personnes dont un proche s'est suicidé : "Dans de telles circonstances, ceux qui restent sont obsédés par la quête du pourquoi et sont en proie à une culpabilité massive, qui s'accompagne souvent d'un sentiment de honte, car ils craignent que les autres ne les jugent comme un "conjoint défaillant" ou une "mauvaise mère"", dit le docteur Christophe Fauré. La psychothérapeute Nadine Beauthéac propose quant à elle des suivis de deuil, en face à face. L'objectif pour la personne endeuillée est d'intégrer cet événement dramatique dans son histoire et de se réconcilier avec la vie. Que la mort de l'être cher soit récente ou pas. "J'ai ainsi reçu une femme dont la soeur s'était suicidée quarante ans auparavant, dans la pièce d'à côté, et qui n'avait rien vu venir. En l'espace de trois mois, elle a pu se réconcilier avec son passé", ajoute-t-elle. S'il ne s'agit pas d'une psychothérapie au sens strict du terme, les bénéfices sur le plan psychologique n'en sont pas moins évidents.
Il existe aussi des thérapies cognitivo-comportementales spécifiques au deuil, enrichies par le modèle de l'attachement, qui ciblent les pensées et les émotions. Encore peu nombreuses en France, elles sont réservées aux personnes au deuil compliqué, et pour lequel on a identifié des facteurs de risque : mort brutale, notamment par suicide, mort d'un enfant...
Selon le psychiatre Alain Sauteraud, certains symptômes témoignent d'un tel deuil : le fait d'éprouver en permanence, au bout d'une année après la perte d'un proche, des émotions pénibles, d'avoir des pensées accablantes (culpabilité, colère, idées suicidaires...) et des comportements délétères (désinvestir le monde extérieur). "Ces thérapies, qui durent de quelques semaines à un an selon les cas, permettent de fluidifier le processus de deuil qui s'est enrayé à un moment donné", précise le psychiatre.