vendredi 21 septembre 2012

PARUTION Revue l’Observatoire (Belgique) Quelle prévention du suicide ?

 



Les chiffres concernant le suicide sont alarmants et appellent au développement d’approches plurielles, en terrains variés. A l’hôpital et plus spécifiquement au départ des services d’urgence, en ambulatoire avec une attention particulière pour l’entourage, à domicile avec la création de partenariats, à destination de publics plus ciblés et auprès des professionnels de divers champs, au travail par le biais de sentinelles, par le détour du net et de ses possibilités d’interactivité, en sensibilisant les médias et au-delà l’opinion

Éditorial

Les chiffres concernant le suicide sont alarmants. D’après l’Organisation mondiale de la santé (2002), il y aurait un décès par suicide dans le monde toutes les 40 secondes environ. La Belgique, quant à elle, se situe parmi les 7 pays européens dont le taux de mortalité par suicide est le plus élevé. Si l’on compare les données des trois régions, la Wallonie se situe en tête de peloton.
Le suicide connaît des variations suivant l’âge, le sexe, le contexte de vie. Parmi les publics les plus à risques, les jeunes de 15 à 24 ans et les personnes de plus de 60 ans avec un pic aux alentours des 75 ans, les personnes isolées, celles vivant des situations de rupture (emploi, famille, dettes...), connaissant des troubles psychiques, les jeunes homosexuels, les personnes incarcérées.
Les données actuelles concernant le suicide ne sont cependant pas suffisantes. Une meilleure connaissance du phénomène permettrait de mieux le cerner, le comprendre et d’agir de manière plus efficiente sur les différents facteurs qui entrent en interrelation et peuvent induire idéations, tentatives et actes suicidaires.
Au-delà des chiffres, il y a bien des raisons de mener des actions de prévention du suicide. D’abord parce, contrairement aux idées préconçues, il ne s’agit pas d’un véritable choix mais d’une impasse. On ne se tue pas pour mourir mais pour en finir avec une souffrance infinie, une angoisse insupportable que l’on croit insurmontable. Parce qu’ensuite, il s’agit souvent d’un acte annoncé, d’un acte au bout d’un cheminement avec des signes précurseurs, des appels à l’aide que notre société du bonheur obligé, « y a qu’à le vouloir », de la peur de la faille , « t’es quand même pas dépressif ? » et de l’individualisme, allant de « à chacun, sa m..., sa croix, son choix » à « tire ton plan, assume, sois responsable » empêchent non seulement d’être osés dits... mais même d’être osés écoutés.
Une étude récente menée par la KU Leuven montre ainsi la corrélation entre taux de suicide et inclination à demander de l’aide. Plus nombreux et importants sont les obstacles, plus le taux de suicide est élevé. Parmi ces obstacles à la demande d’aide, il y a l’accessibilité, la disponibilité des dispositifs de soins et la connaissance de leur existence mais aussi le fait d’être ou non à l’aise avec cette démarche : que va-t-on penser de moi ? et même avant, que vais-je penser de moi qui en suis arrivé là ? aveu de faiblesse, d’échec, d’incapacité à mener sa barque, à résister au stress, à réussir, à se lier ou à se délier, à s’assumer...
Comme le dit Philippe Carette dans l’article introductif, le suicide est une question qu’il faut oser poser dans toute sa profondeur car elle interroge notre rapport à soi, aux autres, aux valeurs socles de notre société, à notre manière d’investir le temps de vie qui nous est donné. Aujourd’hui, l’homme se retrouve face à lui-même, condamné à trouver par lui-même et pour lui-même un sens à sa vie, une identité qui lui est propre, comme s’il était détaché des autres, et cette quête peut ressembler, pour certains, à un gouffre.aux valeurs socles de notre société, à notre manière d’investir le temps de vie qui nous est donné. Aujourd’hui, l’homme se retrouve face à lui-même, condamné à trouver par lui-même et pour lui-même un sens à sa vie, une identité qui lui est propre, comme s’il était détaché des autres, et cette quête peut ressembler, pour certains, à un gouffre.
Colette Leclercq

 

Sommaire

LE SUICIDE
- Suicide & société : « Nous vivons hors de..., hors de soi, de moi, de tout » - Philippe CARETTE
- Le suicide, un phénomène dont il convient d’améliorer la connaissance et la qualité des données - Martine BANTUELLE et Alain LEVEQUE

LA PREVENTION DU SUICIDE
- Pourquoi la prévention ? - Philippe SNOECK
- Stratégies de prévention, modèles conceptuels & évidence scientifique - Evelien COPPENS, Gert SCHEERDER et Chantal van AUDENHOVE
- Comportement suicidaire & influence des facteurs sociocognitifs et de la demande d’aide - Alexandre RENDERS et Chantal van AUDENHOVE

QUELQUES APPROCHES PARTICULIERES
- Service d’urgences & crise suicidaire. Quelle prévention du suicide par le souci de l’autre - Michel WALTER , Michaël LE GALUDEC et Sofian BERROUIGUET *
- Crise suicidaire : analyse de la demande, modalités d’intervention - Xavier MALISOUX *
- Détresse, suicide de la personne âgée. Quelle prévention ? - Jean-Claude BLOND
- Les réseaux Sentinelles : élargir la prévention du suicide en province de Liège - Philippe SNOECK *
- Prévention par le détour du net, planète rencontre de/avec les jeunes - Maja PERRET-CATIPOVIC *
- Le Forum du Centre de Prévention du suicide : un espace de libre expression, de partage, de soutien - Stéphanie DE MAERE *
- Reportages dans les médias d’événements suicidaires : incidences et repères utiles - Martine BANTUELLE et Céline DE SA PEREIRA

BIBLIOGRAPHIE

Ce dossier de l’Observatoire a été construit sur base d’un colloque organisé par la Province de Liège en février 2012 sur le thème « Suicide & réseaux sociaux ». Les articles suivis d’un astérisque ont été sollicités auprès d’intervenants ou représentants d’organismes présents à ce colloque.