vendredi 8 juin 2012

Lancement du numéro vert « SOS harcèlement sexuel »

Un «SOS harcèlement sexuel» créé avec les hôpitaux de Paris

Source : www.lefigaro.fr
Par Agnès Leclair

Un numéro vert et une cellule de prise en charge pour les victimes de harcèlement sexuel ont été lancés à Paris, à l'heure où le Conseil constitutionnel vient d'abroger la loi sur le sujet.

Pour la première fois, un CHU met en place une cellule de prise en charge psychologique et un numéro vert d'écoute pour les victimes de harcèlement sexuel (0800 00 46 41). Le projet, lancé mercredi, est piloté par le professeur Charles Peretti, chef des services psychiatrie de Saint-Antoine et Tenon. Psychologues, psychiatres, médecins ou infirmiers: 35 professionnels des deux hôpitaux ont été mobilisés.
«Le harcèlement sexuel crée un traumatisme particulier. Il peut entraîner des troubles du sommeil, une perte de l'estime de soi, des symptômes anxieux et des idées dépressives qui mènent parfois à des tentatives de suicide», décrit le professeur Peretti.
Après une prise de contact téléphonique, les victimes pourront être reçues par un médecin. «Lors de ce premier entretien, il est essentiel de les aider à exprimer leur souffrance et à dépasser leur honte, leur peur d'être jugées. Ce rendez-vous permettra également de réaliser une évaluation, un diagnostic et de proposer ensuite une thérapie adaptée», précise le professeur.
L'initiative a-t-elle été motivée par la récente abrogation de la loi réprimant ce délit par le Conseil constitutionnel? «Le projet n'est pas lié à cette actualité. C'est une réponse des professionnels du terrain à un tabou de notre société. La création d'un SOS harcèlement figurait déjà dans nos propositions avant l'élection présidentielle», avance Lydia Guirous, présidente de l'association à l'origine du projet, Future au féminin.
«Jusqu'alors, le monde associatif s'est engagé dans la prise en charge juridique des procédures de harcèlement, mais pas dans la prise en charge thérapeutique», rajoute cette dernière, également candidate (Parti radical) aux législatives avec le professeur Peretti dans la 6e circonscription de Paris.
Au-delà d'un travail de «reconstruction», en aval, cette nouvelle structure se veut aussi une aide en amont pour les victimes qui n'ont pas encore porté plainte. «Il s'agit aussi de les coacher, de les aider à gérer au mieux ces situations avant qu'elles ne sombrent dans la dépression, qu'elles n'osent plus se rendre à leur travail ou qu'elles démissionnent», souligne Lydia Guirous. «À nous de lever les freins psychologiques qui les empêchent de porter plainte», ajoute le professeur Peretti.
L'AVFT, Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, qui reçoit chaque année entre 300 et 400 victimes de violences sexuelles, et leur apporte une aide juridique, confirme le besoin d'une prise en charge spécifique, jusqu'à présent difficile à identifier.
«L'offre privée abonde, mais il n'en va pas de même dans les hôpitaux, selon Marilyn Baldeck, déléguée générale de l'AVFT. Peu de médecins sont formés pour la prise en charge de ces victimes. C'est même parfois difficile de trouver quelqu'un qui va les aider et non aggraver leur cas!», estime-t-elle.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/06/07/01016-20120607ARTFIG00413-un-sos-harcelement-sexuel-cree-avec-les-hopitaux-de-paris.php