mardi 28 février 2012

PRESSE : Depuis 25 ans, le centre Ecoute et Soutien, basé à Brive, tend son oreille et sa main aux plus fragiles

Depuis 25 ans, le centre Ecoute et Soutien, basé à Brive, tend son oreille et sa main aux plus fragiles 24/02/12 sur http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/correze/2012/02/24/depuis-25-ans-le-centre-ecoute-et-soutien-base-a-brive-tend-son-oreille-et-sa-main-aux-plus-fragiles-190286.html 

Les femmes qui veulent passer à l’acte retiennent souvent l’intoxication médicamenteuse.?

En Corrèze, un homme sur 30 meurt par suicide. Un chiffre plus élevé que la moyenne nationale. Depuis 25 ans, le centre Ecoute et Soutien tend la main à ceux qui broient du noir.

En Corrèze, on se suicide plus qu'ailleurs. « Notre région est assez proche de la Bretagne et de la Normandie, commente Jean-Marie Coutel, président du centre Ecoute et Soutien, basé à Brive. Ici, les habitants sont plus âgés c'est vrai. Mais même avec des données corrigées, on est à plus du double de la région parisienne en mortalité par suicide ». Sentiment d'isolement

Un homme corrézien sur 30 décède par suicide ; une femme sur 170 ( données de 2009). « Il y a peu de mortalité chez les femmes, par contre, elles battent les records de tentative. C'est leur façon d'exprimer leur souffrance », poursuit le président de l'association.

Pourquoi le Limousin se situe-t-il à 30 voire 40 % au-dessus de la moyenne nationale ? Difficile à dire. « Le niveau de vie joue toujours un peu, assure Jean-Marie Coutel. L'isolement aussi mais pas forcément géographique. Plutôt au sens du sentiment d'isolement ».

Les suicides ou tentatives de suicide sont souvent la conséquence d'une rupture que ce soit familiale, au sein de l'entreprise ou dans l'entourage social.

« Quand les gens sont en bonne santé psychique, ils rebondissent mais sinon, c'est plus difficile… ».

En 25 ans d'existence, le centre Ecoute et Soutien a acquis une solide réputation dans l'aide aux personnes suicidaires. « Nous avons été les premiers à mettre en place en 1997, une journée de prévention (*) », se souvient le président qui peste sur le manque de moyens mis sur la table pour prévenir le suicide « 40 fois moins que pour la prévention routière ! ».



La démarche du centre est simple : « Quand quelqu'un a un malaise, on l'aide à l'exprimer plus qu'à le raisonner. C'est que quelque chose le mange de l'intérieur. Une souffrance qui ne l'amène qu'à une issue : la mort pour arrêter cette souffrance ».

Il faut savoir que 80 % des personnes qui se suicident ne sont pas malades au sens maladie mentale. « Cela s'apparente à un trouble temporaire, traduit Jean-Marie Coutel. C'est souvent un moment impulsif ».

La Corrèze enregistre un millier de tentatives annuellement et 60 décès. « Parler de la mort n'est pas
la provoquer »

A ceux qui poussent la porte du centre Ecoute et Soutien, l'association apporte un réconfort. « Nous ne sommes pas là pour sauver les gens ni pour les juger mais pour les accompagner. Les suicidaires n'ont besoin que d'une chose : être entendu. Parler de la mort, n'est pas la provoquer. A l'entourage de montrer qu'il y a une autre voie ».

Cet autre chemin, Monique, 47 ans, l'a trouvée. « Je suis sur la bonne voie », assure-t-elle aujourd'hui, après deux tentatives de suicide médicamenteuses, il y a 2 ans et 6 mois. Un état dépressif expliqué par un « passé tragique », une enfance vécue dans un climat incestueux, une rupture après 20 ans de vie commune et deux viols. « Pour moi, le centre a été une main tendue. Il me prête une oreille attentive, compréhensive et efficace », lâche Monique qui avoue que les tentatives s'apparentent à des appels au secours. Depuis qu'elle profite d'une écoute et d'un atelier de relaxation, elle ne broie plus de noir. « Je ne suis plus dans une dynamique du suicide, j'ai moins de crise d'angoisse. Parler diminue de moitié ma souffrance ».

(*) Les journées nationales de prévention du suicide se déroulent tous les ans en février. Site : infosuicide. org. Centre Ecoute et Soutien : 05.55.23.49.95. 1 avenue du 11-Novembre à Brive. Laetitia Soulier