vendredi 8 décembre 2017

Présentation de l'Observatoire de la Souffrance Au Travail des Praticiens Hospitaliers



La souffrance des médecins à l'hôpital sous surveillance


Par Marianne Rey, publié le lentreprise.lexpress.fr*
L'Observatoire de la souffrance au travail (Osat), présenté ce 7 décembre 2017, va permettre de recueillir des données sur le mal-être des praticiens hospitaliers.
afp.com/Martin Bureau

Ces professionnels de santé n'échappent pas à un management délétère. Un observatoire est développé, dans le cadre duquel, ils peuvent expliquer les raisons de leur mal-être.
"Globalement, il y a eu un changement du mode managérial, depuis dix ans et dans certains hôpitaux, on n'est pas loin du management à la Lidl et Free", lance Nicole Smolski, déléguée générale de l'intersyndicale Avenir Hôpitalier. Dans les hôpitaux, les médecins souffrent, au même titre que les autres agents.

Pour obtenir des données argumentées, en provenance du terrain, des organisations syndicales ont décidé de développer l'Observatoire de la souffrance au travail (Osat), présenté ce 7 décembre. Il ne s'agit pas une cellule d'écoute, à l'image de celle proposée par l'association SPS, mais un outil pour que les syndicats aient une meilleure connaissance du milieu.

Des restructurations ou du rafistolage?

S'il y a malaise, c'est parce que l'hôpital a changé. Les groupements hospitaliers de territoire (GHP), issus de la loi Santé, ont induit des restructurations compliquées, considérées parfois comme du "rafistolage", avec des praticiens ballottés comme des "pions", qui souffrent de ne pas adhérer à l'axe médical choisi.
La tarification à l'activité s'avère également délétère: "Ceux qui ne sont pas jugés rentables sont soumis à une grosse pression", relève Nicole Smolski. De plus, ce mode opératoire, qui pousse à enchaîner les actes, réduirait à peau de chagrin le temps de la "communication". Or, "la qualité du travail passe aussi par le fait d'avoir des espaces et du temps pour parler, en équipe", souligne Richard Torrielli, membre du conseil d'administration d'Avenir hospitalier.

Parmi les autres éléments dénoncés comme source de grosse pression: l'accréditation des services, avec le contrôle associé, qui revient tous les ans. Les évaluations à outrance, aussi, qui sont source de stress intense. En plus d'avoir un effet pervers. "Dans le but de réduire le temps d'attente aux urgences, on pourrait être tenté d'évaluer le temps pris par chaque médecin pour chaque consultation, illustre Richard Torrielli. Sauf que des études ont montré qu'il y a une corrélation entre la brièveté d'une consultation, et le taux de retour aux urgences des patients par la suite."
A travers le questionnaire de l'Osat, les professionnels sont invités à expliquer les causes de leur mal-être. Ils peuvent être rappelés s'ils le souhaitent, afin de recevoir un appui logistique et d'être orientés vers une aide médicale appropriée.

"Les CHSCT n'interviennent que lorsqu'un médecin est mort"

Environ deux cent praticiens se sont déjà exprimés. La surcharge de travail, même si elle est monnaie courante, n'est pas forcément le facteur de souffrance le plus fort. Ce qui pèse sur la santé psychique, et souvent physique, des docteurs, est du ressort de "la surcharge émotionnelle, la désorganisation du service, le dialogue impossible avec la hiérarchie, la direction, et une absence de reconnaissance des investissements consentis sont les causes les plus souvent avancés, constate Action Praticiens Hôpital (APH), qui réunit deux intersyndicales. Très souvent aussi, l'arbitraire des attitudes et la menace de décisions autoritaires sont pointés, pour des mutations, par exemple."

Que fait la médecine du travail? Elle est loin d'être présente dans chaque établissement: pas assez de candidats. Et, de l'avis unanime des représentants d'APH présents ce 7 décembre, "les CHSCT n'interviennent que lorsqu'un médecin est mort".
"Nous voudrions avoir une représentation syndicale de praticiens au niveau des établissements de santé, et pas seulement à l'échelon régional et national, explique Jacques Trévidic, président d'APH. La raison est historique: les médecins ont longtemps considéré qu'ils n'avaient pas besoin d'être représentés." Les temps ont changé.

https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/management/la-souffrance-des-medecins-a-l-hopital-sous-surveillance_1967131.html

INFO +


Observatoire de la Souffrance Au Travail
source https://osat.aph-france.fr/7/12/2017

Action Praticiens Hôpital
s'intéresse à vous et vous aide à réagir.
Vous éprouvez de la souffrance au travail ? Il peut s'agir d'une surcharge quantitative récente ou durable, d'une surcharge émotionnelle aigue ou chronique, en rapport avec votre travail, des conséquences d'un isolement professionnel contraint, des effets d'une désorganisation chronique dans votre service, d'une réorganisation imposée. Il peut être question de conflits éthiques, de harcèlement moral, de discrimination ou encore d'un refus de l'Administration de répondre aux règlements en vigueur. Il peut enfin s'agir de conflits interpersonnels.

Décrivez votre souffrance au travail

Dans le cadre de la veille syndicale et de la constitution de l'Observatoire de la Souffrance au Travail des Médecins Hospitaliers qu'il a mis en place, Action Praticiens Hôpital vous propose de compléter le document ci-dessous. Il permettra à l'équipe en charge de ce service de mieux comprendre votre contexte professionnel  et de vous proposer la meilleure approche pour vous aider à surmonter vos difficultés. En décrivant votre situation, tout en respectant la confidentialité de votre déclaration, vous nous permettrez d'assurer une surveillance de type épidémiologique, et la constitution d'un Observatoire national de la souffrance au travail. Outre la possibilité de vous aider personnellement, nous pourrons aussi réagir plus efficacement en cas de signalements de cas en proportion inquiétante sur un territoire donné (hôpital ou région), ou si les causes de cette souffrance nous semblent justifier une intervention syndicale rapide.
https://osat.aph-france.fr/7/12/2017