lundi 4 décembre 2017

Mà J : ACTU DISPOSITIF VIGILANS BRETAGNE

Suicide. Téléphone et cartes postales contre les récidives
Publié le 02 décembre 2017 www.letelegramme.fr/
Catherine Le Guen
 

Sylvie Le Ru, cadre de santé des urgences psychiatriques et de VigilanS, Erwann Nouvel et Delphine Bonhommeau, infirmiers de VigilanS et Noémie Calvez, chargée de communication.

VigilanS est le nom d'un dispositif de prévention de la récidive de tentative de suicide initié à Lille et qui est expérimenté en Bretagne, à partir du centre 15 de l'hôpital de La Cavale Blanche, à Brest. Un patient hospitalisé à la suite d'une tentative de suicide en Bretagne peut bénéficier du dispositif de veille VigilanS. À sa sortie de l'hôpital, on lui demande s'il accepte d'être appelé par un soignant et de prendre une carte ressource avec un numéro de téléphone à contacter en cas de problème. Le médecin traitant et le psychiatre du patient sont informés. Très peu refusent d'entrer dans ce dispositif VigilanS qui a démarré au CHRU de Lille, autre région fortement touchée par le suicide.

850 décès par suicide
« En Bretagne, il y a 14.000 tentatives de suicide par an, dont 7.000 hospitalisations, et 850 décès. C'est la première cause de mortalité des 25-34 ans et la seconde chez les 15-24 ans. L'idée centrale de VigilanS s'appuie sur des études des années 70 sur le maintien du lien avec les patients suicidants qui ont montré que cela permettait de réduire la mortalité et les récidives », explique le Dr Sofian Berrouiguet, psychiatre au CHRU de Brest et coordinateur de VigilanS Bretagne. Le numéro donné aux patients aboutit à un poste dans la salle de régulation du Samu, au centre 15, situé à l'hôpital de La Cavale Blanche. À côté des médecins et des permanencières qui répondent aux appels d'urgence, un bureau est désormais réservé aux deux infirmiers Vigilanseuse et Vigilanseur. Présents de 9 h à 18 h, du lundi au vendredi, Delphine Bonhommeau et Erwann Arzel ont quitté les urgences psychiatriques, non loin de là, où ils travaillaient auparavant. Le reste du temps, le Samu prend le relais. Désormais, le téléphone et des cartes postales sont devenus leurs outils de travail.


Sauvés grâce à VigilanS
« Chaque jour, nous avons une dizaine d'appels parfois de personnes qui ne vont pas bien. Il nous est déjà arrivé, au moins dix fois, depuis le début de l'expérimentation en 2016, de déclencher un Samu pour une personne qui allait passer à l'acte », expliquent les infirmiers qui appellent aussi les personnes selon un protocole précis. S'il ne s'agit pas d'une première tentative, le patient est appelé 10 à 20 jours après sa sortie, pour s'assurer qu'il va bien. S'il ne répond pas ou qu'il est en difficulté, la veille se poursuit par l'envoi de cartes postales une par mois durant quatre mois. Pour les primo-suicidants, le premier contact est à six mois mais il peut appeler un Vigilanseur s'il ne va pas bien. « Nous écrivons nous-mêmes sur les cartes postales un message personnalisé. On les invite à nous rappeler ». À ce jour, en Bretagne, 800 personnes sont entrées dans le dispositif VigilanS et une trentaine de centres en Bretagne y participent pour trois ans d'expérimentation.

Évaluation en 2019
« La démarche n'est pas qu'humaniste. Les suicides mobilisent de gros moyens et il serait important de réduire ces coûts. La Normandie, le Jura, le Languedoc-Roussillon, la Martinique sont les autres régions participantes et plusieurs agences régionales de santé ont accepté de financer l'expérimentation », ajoute le Dr Berrouiguet. Pas de résultats divulgués pour l'instant. Une évaluation globale de VigilanS va commencer en avril-mai 2019. On saura alors s'il est pertinent ou pas de le déployer sur toute la France et si VigilanS est efficace pour les primo-suicidants ou plutôt pour ceux qui ont fait plusieurs tentatives.
© Le Télégramme http://www.letelegramme.fr/finistere/suicide-telephone-et-cartes-postales-contre-les-recidives-02-12-2017-11763398.php#CPuouRVR0bL2jClK.99
 
 
HISTORIQUE DU POST :
 
1er post : 10/07/2017 :
 
Le téléphone breton contre les suicides est basé au Samu de Brest
 09/07/2017 sur ouest-france.fr* / Laurence GUILMO.Au Samu 29, à l'hôpital de la Cavale-Blanche, à Brest. Noémie Calvez, chargée du déploiement du dispositif VigilanS, le Dr Sofian Berrouiguet, et Delphine Bonhommeau, « vigilanSeuse ». Au Samu 29, à l'hôpital de la Cavale-Blanche, à Brest. Noémie Calvez, chargée du déploiement du dispositif VigilanS, le Dr Sofian Berrouiguet, et Delphine Bonhommeau, « vigilanSeuse ». | Ouest-France


Tous les jours de la semaine, de 9h à 18h, deux infirmiers psychiatriques sont basés au Samu 29, à Brest. Ils reçoivent des appels de toute la Bretagne de personnes ayant déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Ils peuvent aussi envoyer des secours à domicile, partout en Bretagne. Ce dispositif innovant a été testé avec succès dans le Nord-Pas-de-Calais.
« Un lundi matin, une femme d'une cinquantaine d'années m'a appelée. Pas en forme du tout... », raconte Delphine Bonhommeau, une des deux « vigilanSeurs » du Samu 29 (Service d'aide médicale urgente du Finistère), basé au CHU de Brest. « Elle a rappelé l'après-midi. Elle allait mettre fin à ses jours. Elle avait préparé son dispositif. On a rapidement envoyé une ambulance chez elle. Et elle a pu être sauvée ! »
Le job des « vigilanSeurs »? À tout moment de la journée, ces deux infirmiers psychiatriques reçoivent des appels téléphoniques de personnes en souffrance, situées sur tout le territoire breton. Cette présence au Samu n'est effective que depuis quelques semaines. Mais elle change beaucoup de choses! Ils peuvent désormais agir très vite.

Testé durant trois ans

« Avant, on devait appeler le Samu comme tout le monde et attendre... Désormais, on peut prendre un rendez-vous en urgence avec un psychiatre. Et surtout déclencher des interventions d'un Samu partout en Bretagne. C'est plus direct et plus rapide. Et on peut localiser un appel », précise Delphine Bonhommeau.
Accroître les chances de sauver des vies, c'est l'objectif de VigilanS, le dispositif régional innovant mis en place en septembre. « Il concerne des personnes qui ont déjà tenté de se suicider, et qui ont été prises en charge dans des urgences ou hospitalisés dans des services », explique le Dr Sofian Berrouiguet, coordonnateur régional, et psychiatre au CHU de Brest.
Le dispositif sera testé en Bretagne durant trois ans. Il a déjà été expérimenté dans le Nord-Pas-de-Calais, autre région très touchée par les suicides. L'objectif est de faire baisse leur nombre en Bretagne, soit 850 par an. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-24ans, et la première chez les 24-35ans.
La région enregistre 14000 tentatives par an, dont 7 000 sont prises en charge aux urgences ou dans un service d'hospitalisation.
Financé par l'Agence régionale de santé (ARS), le dispositif VigilanS est en cours de déploiement dans les vingt centres de Bretagne. Les urgences des hôpitaux de Rennes, Vannes et Saint-Brieuc ont reçu une formation.
Les personnes concernées reçoivent un carton avec un numéro de téléphone gratuit. Celles qui le souhaitent pourront joindre un vigilanSeur durant six mois minimum, de 9 h à 18 h, en semaine. Les infirmiers les appelleront aussi deux fois durant cette période. Faute de financements, ce dispositif ne couvre pas les week-ends ou les nuits. En cas d'urgence, la mise en ligne sera directe avec le Samu.
Pour l'instant, 485 patients sont dans le dispositif. Le plus jeune a 15ans. « On a de bons retours. Les personnes se sentent moins seules. Elles sont rassurées, ajoute Delphine Bonhommeau. Souvent, on arrive à désamorcer les choses. Au fur et à mesure de la discussion, les choses s'apaisent. »
Renseignements: infovigilans@chu-brest.fr

http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-le-telephone-breton-contre-les-suicides-est-base-au-samu-5124057