La prise en charge des maladies mentales n’est pas une priorité à Madagascar. Elle sera bientôt la deuxième cause d’invalidité.
Chaotique. La statistique des infrastructures de prise en charge des maladies mentales, tout comme celle des  spécialistes du domaine, inquiètent. Madagascar n’est doté que de 0,15 lit pour 10 000 habitants. En Afrique, ce chiffre est de 0,34 lit par habitant et dans les pays développés, on enregistre 7,5 lits pour 10 000 habitants, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le professeur Bertille Rajaonarison, chef du service de la santé mentale au centre hospitalier universitaire des soins et de santé publique à Analakely, révèle, par ailleurs, que « les ressources humaines manquent cruellement ». C’était à Ampefiloha, hier, lors d’un mini-atelier dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la Santé.
Il n’y a qu’un psychiatre pour un million d’habitants, à Madagascar, alors qu’à La Réunion, un psychiatre s’occupe de 1 000 habitants. Un seul psychologue assure les soutiens psychologiques des patients dans les structures publiques.  La formation des spécialistes ne figure pas non plus dans les priorités. A la faculté de Médecine, il n’y a que deux psychiatres, parmi les 50 spécialistes formés chaque année. Et nos universités publiques ne forment pas de psychologues.
Acte suicidaire
La prise en charge de la santé mentale est délaissée par rapport, aux autres maladies. « La maladie mentale ne bénéficie pas de soutien comme les autres maladies. Pour Madagascar, il y a d’autres maladies plus préoccupantes, tuant encore plusieurs personnes, comme le paludisme, la tuberculose, le Vih/Sida », explique ce chercheur-enseignant.
Les maladies mentales sont pourtant considérées comme un fardeau au développement de la société. L’OMS avance que la dépression, classée dans la longue liste des maladies mentales, sera la deuxième cause d’invalidité après l’accident vasculaire-cérébrale (AVC), d’ici 3 ans, c’est-à-dire, en 2020. Nous ne disposons pas de statistique détaillant le nombre de personnes souffrant de la dépression, mais le professeur Bertille Rajaonarison souligne, qu’« elles ne cessent d’augmenter ». Causées entre autre, par des chocs psychologiques intenses, à savoir le deuil, la séparation, la dépression est sous diagnostiquée. « C’est gênant d’être étiqueté malade mental, dans la société malgache », poursuit ce professeur. Sans traitement, les personnes en état dépressif peuvent passer à l’acte suicidaire. En 2013, 411 des 4 842 hospitalisés dans le centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU JRA) étaient des suicidaires, dont la plupart sont des jeunes. Le coût de la prise en charge est exorbitant. Les psychiatres l’évaluent à 50% du salaire minimal journalier d’un ouvrier saisonnier.
Cette année, la journée mondiale de la Santé, célébrée le 7 avril, parlera amplement de la dépression. Plusieurs activités auront lieu, à cette occasion, dont des dépistages du diabète, de la dépression, au CHU JRA.
Miangaly Ralitera
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