lundi 7 novembre 2016

RECHERCHE ETUDE Étude sur les difficultés actuelles du métier de psychiatre hospitalier français De la flamme au burn out


Résumé : Les difficultés psychiques des médecins ne sont plus ignorées aujourd’hui. Les études françaises et internationales révèlent des taux de suicide élevés au sein de la population médicale, plus qu’en population générale. La prévalence des médecins en état d’épuisement professionnel est inquiétante. Notre étude, menée au printemps 2014 auprès de psychiatres hospitaliers, a pour objectif de comprendre les origines de cette souffrance, à travers un questionnaire auquel 840 psychiatres ont répondu. Les résultats montrent la présence de plusieurs facteurs environnementaux pouvant participer à l’apparition d’une souffrance au travail : stress excessif, pression temporelle élevée, conflit vie professionnelle/vie privée, poids de l’administration et de l’administratif, exigence croissante des patients... Les femmes psychiatres sont globalement plus touchées. Cette étude révèle également un sentiment d’épuisement actuel ou passé partagé par près de 7 psychiatres sur 10, et une consommation d’antidépresseurs plus importante qu’en population générale. Malgré ces résultats, plus de 6 psychiatres sur 10 expriment de la satisfaction quant à leur situation professionnelle. En dépit des progrès importants réalisés quant à la prévention de la souffrance au travail, les médecins, parmi lesquels les psychiatres, restent très touchés par ce problème. En cette période de déclin démographique médical, l’entraide entre médecins est plus que jamais essentielle.

Introduction

Les difficultés psychiques des médecins ne sont plus ignorées aujourd’hui. Les études françaises et internationales révèlent des taux de suicide élevés au sein de la population médicale [1-7]. Ainsi, les hommes et les femmes médecins se suicident respectivement 1,41 et 2,27 fois plus que la population générale de même sexe [8] ; le suicide serait la seule cause de décès pour laquelle le risque est plus élevé chez les médecins qu’en population générale [9], les psychiatres figurant parmi les spécialités les plus touchées [6, 10, 11]. Par ailleurs, la dépression [12] ainsi que l’abus de substances, notamment d’alcool [13-15] et de benzodiazépines [13, 16-20], touchent plus fréquemment la population médicale, au sein de laquelle les psychiatres sont les plus concernés [20]. Enfin, la prévalence des médecins français en état d’épuisement professionnel, libéraux [21-26] et hospitaliers [27], est inquiétante. Ainsi, l’enquête Sesmat (santé et satisfaction des médecins au travail) [27] révèle un niveau d’épuisement professionnel élevé chez 42,4 % des médecins hospitaliers, avec une prévalence identique auprès des psychiatres.

Ces données témoignent d’une certaine souffrance au sein de la communauté médicale, et plus encore parmi les psychiatres. Notre étude, menée auprès de psychiatres hospitaliers, a pour objectif principal de comprendre les origines de cette souffrance.