vendredi 24 juin 2016

INDRE prévention monde agricole Trois acteurs locaux s'associent

article Suicide : agir avant qu’il ne soit trop tard
par Jean-Marc Desloges le jeu, 23/06/2016 sur  http://l-echo.info*
Indre
Agriculture
Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France.
Lors de la publication du rapport de l’Institut de veille sanitaire (INVS) en 2013, ce chiffre avait été largement relayé dans les média. Si elle ne fait plus la une des journaux, cette réalité n’a pas pour autant disparu. Trois acteurs locaux - Groupama, le CODES (Comité départemental d'éducation pour la santé) et la MSA- ont décidé de s’associer pour proposer en octobre des ateliers destinés aux familles sur le thème « comment repérer et éviter ». Une réunion d’information a eu lieu hier à la chambre d’agriculture en présence de représentants d’organisations agricoles et d’associations comme le Secours catholique.
« C’est un phénomène caché, on n’en parle pas » reconnaît François Hermier, président de la Caisse locale de Groupama Châteauroux. Depuis 2014, la Mutualité sociale agricole (MSA) a mis en place un dispositif de prévention des risques suicidaires avec des cellules de prévention dans chaque caisse. Suite à un signalement, contact est pris sous 48 heures avec l’agriculteur (avec son accord) afin de l’orienter vers des professionnels.
Vingt-quatre situations jugées alarmantes ont ainsi été recensées en région Centre l’an passé, dont six dans l’Indre. 70% des personnes concernées sont des actifs. La tranche d’âge la plus représentée est celle des 51-60 ans. Les causes sont multiples mais les problèmes de santé et financiers en sont les principaux. Concernant des contentieux avec la MSA, des solutions ont été recherchées : restauration et ouverture de droits, mise en attente de procédures de redressement...
Isolement, douleur, peine, usure, contraintes, abandon sont quelques uns des mots cités par les  participants à la réunion d’hier. Le curé de Pellevoisin témoigne avoir enterré plusieurs agriculteurs qui ont mis fin à leurs jours. Exploitant à Vatan et membre du CIVAM, Edouard se sent « particulièrement concerné » lui qui cotoie régulièrement ses collègues. « Le fait d’être dans une situation difficile et de ne pas pouvoir en parler peut conduire à cette extrémité » dit-il. Un autre évoque le suréquipement et le surendettement qui pèsent sur les exploitations. « Il manque un acteur important à cette réunion : les banquiers! » juge un conseiller à la Chambre d’agriculture qui parle du traumatisme causé quand on déchire son carnet de chèques ou qu’on retire sa carte bancaire à un agriculteur.
Des ateliers de deux demi-journées sont donc prévus en octobre. François Hermier souhaite que l’information soit largement relayée afin qu’un maximum de personnes concernées puissent en bénéficier. Ces ateliers seront animés par le CODES qui assure le coordination du plan départemental prévention du suicide.
On dénombre entre 55 et 65 suicides chaque année dans l’Indre dont de nombreux agriculteurs.

*http://l-echo.info/article/indre/2016-06-23/integral-suicide-agir-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard-42807.html