mardi 31 mars 2015

PRESSE GRAND PUBLIC Dépression : 10 traitements



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Par Elena Sender http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150323.OBS5293/depression-10-traitements-performants.html
Publié le 23-03-2015 à 17h05

Antidépresseurs efficaces, thérapies innovantes, stimulation cérébrale... 70 % des cas sont aujourd’hui guéris.
L'action des anxiolytiques est très rapide — quelques heures — mais les effets secondaires fréquents. © SINTESI/SIPA
NUMÉRIQUE. Cet article est extrait du magazine Sciences et Avenir n°817, en vente en mars 2015. Le magazine est également disponible à l'achat en version numérique via l'encadré ci-dessous. Soigner la dépression, c’est réduire les symptômes qui affectent la vie quotidienne et prévenir les récidives. Les traitements, variables selon la gravité du trouble, permettent aujourd’hui, seuls ou associés, d’obtenir une guérison dans près de 70 % des cas.
La dépression légère se traite par des mesures d’hygiène (sport, relaxation...) et/ou une psychothérapie. Pour une dépression modérée à sévère, le médecin dispose de plusieurs outils dont les antidépresseurs. Les médicaments ciblent les neurones à sérotonine, à noradrénaline ou à dopamine avec, depuis peu, l’émergence d’un nouveau concept. "La dépression est de plus en plus considérée comme un trouble cognitif, dont les symptômes — altération de la concentration, mémoire, prise de décision, etc. — nécessitent d’être pris en compteé, explique Philippe Fossati, psychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris.
Dans cette lignée, un nouvel antidépresseur, la vortioxétine du laboratoire Lundbeck — non encore en vente en France — vise ainsi l’amélioration cognitive. Un essai (octobre 2014), toujours en cours sur 602 personnes dépressives majeures, a déjà montré que ce médicament, au mécanisme d’action plus large que les antidépresseurs courants, améliore bien les fonctions cognitives. Lorsque cette première ligne de traitement échoue, on peut faire appel à la kétamine, inhibiteur glutamatergique, un agent anesthésiant et antalgique. Une revue systématique de la littérature médicale (Press Med 2014) a établi que les résultats sont "en faveur d’une efficacité rapide et puissante de la kétamine utilisée en intraveineuse à des doses infra-anesthésiques". Les effets positifs sont observés sur les symptômes dépressifs et les idées suicidaires, sans effets indésirables. Cependant le nombre de sujets traités (dans le cadre hospitalier) est encore limité et peu de données sont disponibles sur le risque addictif et les effets à moyen et long terme.
Enfin, pour traiter les cas les plus résistants, la stimulation cérébrale profonde — qui consiste à implanter deux électrodes dans le cerveau — est en phase d’expérimentation. En France, seule une dizaine de patients ont été traités par cette technique. Elle permettrait la réduction de 60 % des symptômes.

1 Alimentation et sport

Fruits, légumes, poissons, huiles végétales et céréales complètes sont riches en acides gras essentiels, vitamines, sélénium, zinc, fer... dont la carence peut jouer un rôle dans la dépression. La pratique d’une activité "aérobie" (marche rapide, jogging, vélo...) à raison de 3 séances de 60 minutes hebdomadaires contribue à réduire les symptômes des dépressions légères. Enfin, tabac et alcool, qui ont un lien établi avec la dépression, doivent être supprimés.

2 Relaxation

Elle apaise l’anxiété et peut être pratiquée aussi pendant ou après une dépression. Mais parfois les pensées négatives sont trop envahissantes. Il est donc préférable de faire appel à un professionnel compétent.

3 Méditation

Un programme de méditation a été spécialement adapté à la dépression, le MBCT (thérapie cognitive basée sur la pleine conscience). À raison de 8 séances de deux heures, il permettrait de réduire de moitié les risques de rechutes à un an. Cette pratique est désormais intégrée auprès des patients à l’hôpital. Un programme différent, le MBSR (réduction du stress basée sur la pleine conscience), vise à réduire le stress et l’anxiété.

4 Luminothérapie

La dépression saisonnière survient le plus souvent en hiver, lorsque le soleil se fait rare. Récurrente et passagère elle n’en est pas moins difficile à traverser. Pour y remédier, il faut s’exposer pendant 30 minutes environ, le matin, à la lumière blanche ou bleue d’une lampe homologuée (pas d’UV ni d’infrarouges) de 10 000 lux. Ou plus simplement marcher à la lueur du jour pendant 30 minutes également.

5 Anxiolytiques

Dits aussi tranquillisants ( Stresam, Lexomil, Témesta, Tranxène, Xanax...), ils sont utilisés pour lutter contre l’anxiété et le stress. Ils appartiennent à plusieurs familles chimiques, la plus connue étant celle des benzodiazépines. Leur action est très rapide — quelques heures — mais les effets secondaires fréquents. Ils comportent également
un important risque de dépendance. Des raisons pour lesquelles ils ne doivent pas être utilisés sur plus de 12 semaines ni sans suivi médical.

6Antidépresseurs

Ce sont des psychotropes (Deroxat, Citalopram, Seroplex, Prozac...) agissant sur l’humeur. Une trentaine de molécules sont disponibles. Certaines ont un effet stimulant, d’autres sédatif. Pour une efficacité optimale, le traitement doit durer au moins six mois, parfois plus, jusqu’à un à deux ans. Leur arrêt s’effectue souvent de manière progressive. Ils doivent être associés à un suivi psychologique.

7 Électrochocs

Dite aussi sismothérapie ou électro-convulsivothérapie, il s’agit d’une technique réservée aux formes résistantes et graves de dépression. Un courant électrique est administré au malade par des électrodes posées sur le crâne, ce qui provoque une crise convulsive généralisée. Son mode d’action reste mal connu mais son action, quasi immédiate, est reconnue. Elle est toujours réalisée à l’hôpital et sous anesthésie générale.

8Stimulation magnétique transcrânienne (STM)

Cette technique, réservée aux formes sévères, utilise une bobine magnétique qui, en agissant sur certaines zones cérébrales comme le cortex, stimulerait la libération de neuromédiateurs. Les cures, soit une dizaine de séances trois fois par semaine, se pratiquent le plus souvent à l’hôpital ou en cabinet privé. C’est une alternative aux électrochocs.

9 Hypnose, EMDR

Ces techniques de psychothérapie peuvent être pratiquées seules ou associées à un autre traitement. Mais toujours avec un intervenant dûment formé. Elles reposent sur la suggestion, la relaxation, le lâcher- prise. La fréquence et le nombre de séances sont très variables. L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing, "désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires"), ou nouvelle hypnose, constitue une variante fondée sur les mouvements des yeux.

10 Soutien psychologique

L’accompagnement psychologique est incontournable. Les types de prise en charge, individuelle ou en groupe, sont variés. La psychothérapie peut être de soutien, de courte ou longue durée, ou cognitivo-comportementale (TCC). Il peut aussi s’agir d’une cure psychanalytique. Depuis peu, émergent des thérapies basées sur des jeux vidéo (serious games) où les patients se créent des personnages pour se mettre en scène.

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