Effets du chômage : Michel Debout dénonce un véritable scandale de santé publique

Dans « Le traumatisme du chômage », à paraître le 15 janvier aux Editions de l’Atelier, le psychiatre Michel Debout, médecin psychiatre, spécialiste du suicide, dénonce un véritable scandale de santé publique : un phénomène de grande ampleur qui touche au moins 5 millions de personnes en France mais laisse notre société et les pouvoirs publics indifférents. Extraits.

« Les effets du chômage sur la dégradation de la santé au sens large sont encore méconnus mais extrêmement préoccupants. Depuis plusieurs années, Michel Debout tente d’alerter les services de santé et de mobiliser le gouvernement sur les dégâts sanitaires, individuels, familiaux et collectifs. L’inaction d’un grand nombre professionnels de la santé est aussi pesante que celle des pouvoirs publics. L’heure n’est plus à dénoncer, il faut sortir de ce « trou noir » de la connaissance scientifique et médicale, et prendre des mesures urgentes ».

« La santé des chômeurs semble n’intéresser personne : ni les professionnels de santé, sauf exception, ni les chercheurs, sauf quelques rares équipes isolées, ni surtout les pouvoirs publics, toutes sensibilités confondues. […] Aucun ouvrage déterminant sur le sujet, aucune publication aisément disponible, notamment de santé publique, ne fournit les observations et données indiscutables et indispensables pour la connaissance de ce phénomène. Et qui permettraient, à partir de là, d’imaginer les réponses adaptées. Qui se livre à une recherche document aire aboutit vite à un constat troublant : la santé des personnes sans emploi et les effets du chômage sur la santé au sens large constituent un véritable « trou noir » de la connaissance scientifique et médicale et, fort logiquement, de la politique de prévention ».


«Lorsqu’on aborde la question de l’effet du chômage sur la santé un fait, jamais on évoque l’élément déclenchant : le moment de la perte de l’emploi, suite à un licenciement, dans le cas par exemple, d’un plan social (notons toutefois que les plans sociaux ne représentent que 5 % de l’ensemble des licenciements), suite à un d
épôt de bilan pour l’artisan, le commerçant ou suite à la fermeture de l’exploitation pour l’agriculteur. Ce moment est en lui-même générateur de troubles qui peuvent être majeurs sur le plan psychologique et sur le plan de la santé globale, parce qu’il représente au sens plein du terme un événement traumatique. Il en a toutes les caractéristiques. »

« Les plans sociaux marquent les esprits et choquent les Français La succession de plans sociaux nourrit en effet les déchirures identitaires, chacun se retrouve seul
face à lui-même. La violence subie par le salarié n’est pas seulement économique. À la perte de revenus s’ajoute la perte d’une partie de lui-même, et c’est sa dignité qui est touchée» Les situations suicidaires chez les chômeurs « Ce n’est pas le suicide qui provoque la mort : c’est parce que la personne se sent déjà morte qu’elle se suicide ».

Quelle organisation pour la médecine préventive des chômeurs ? « La santé publique doit connaître les problèmes spécifiques de chaque groupe de citoyens, et partant de là, la médecine préventive doit permettre à chacun de savoir où il en est sur le plan de sa santé personnelle » Mondialisation financière et chômage « Il faut pour cela doter cette cour d’une Chambre spécialisée contre la criminalité économique et financière.
« Entretenir l’illusion que le chômage ne constitue qu’un moment entre deux emplois, certes parfois long et difficile, permet de ne pas se préoccuper de la santé des chômeurs
et ainsi ne pas se poser la question des politiques de prévention à mettre en œuvre. »