vendredi 3 janvier 2014

Prix du Congrès Encephale 2013 AUGMENTATION DU TAUX DE TENTATIVE DE SUICIDE EN BELGIQUE ET CRISE ÉCONOMIQUE

Prix du Congrès Encephale 2013
http://www.encephale.com/A-propos/Pages-seules/2013/L-Encephale-2013-felicitations-aux-laureats -
25/12/2013

AUGMENTATION DU TAUX DE TENTATIVE DE SUICIDE EN BELGIQUE ET CRISE ÉCONOMIQUE

W. PITCHOT (1), M. WAUTHY (2), J.-P. LABILLE (2)


(1) Université de Liège, LIÈGE, BELGIQUE
(2) Solidaris, BRUXELLES, BELGIQUE

Les suicides et les tentatives de suicide présentent actuellement un caractère véritablement épidémique. Dans le monde, environ 1 million de personnes se suicident chaque année. Ces dernières années, le risque de suicide et de tentative de suicide a augmenté de manière très sensible. Parmi les pays de la Communauté Européenne, la Belgique occupe une place tristement privilégiée.

En 2012, à l’initiative de l’Union Nationale des Mutualités Socialistes (Solidaris), nous avons réalisé une enquête auprès d’un échantillon de 1 000 personnes (18-75 ans, Wallonie, Bruxelles, représentativité sociologique) évaluant notamment la prévalence de la dépression majeure et de la suicidalité. La symptomatologie dépressive a été mesurée par le PHQ-9 (Patient Health Questionnaire-9).

Sur base du PHQ-9, on peut considérer que plus de 5 % de la population souffre d’un épisode dépressif majeur au moment de l’évaluation. Ce pourcentage représente un échantillon de la population souffrant actuellement d’une dépression modérément sévère ou sévère. La prévalence sur la vie de la tentative de suicide est de 8 %. En outre, 12 % des personnes interrogées ont déjà pensé à se suicider. Dans l’étude ESEMeD réalisée en 2001, environ 3,2 % des personnes interrogées avaient déjà envisagé de mettre fin à leurs jours et 2,9 % avaient déjà tenté de se suicider au cours de leur vie. Si on réalise une comparaison avec l’étude ESEMeD, on peut conclure que sur une période de plus de 10 ans, les comportements suicidaires ont augmenté sensiblement. Ils reflètent de manière assez inquiétante la souffrance psychologique de la population et indirectement l’importance du désespoir.

Les facteurs socio-environnementaux sont une source importante d’inquiétude. La santé, les enfants et le travail représentent les principales préoccupations de la population. En particuliers, la situation socio-économique et le risque de perdre son identité nationale semblent expliquer en partie la mauvaise santé psychologique de la population. Les résultats de l’enquête suggèrent une relation entre une aggravation de la situation socio-économique et la dépression.