mardi 4 juin 2013

INDRE : chiffres du département

"En 2012, une soixantaine d’Indriens ont mis fin à leurs jours. La majorité du temps par pendaison. Une succession jugée parfois étrange."
L'appel de Jean, un habitant du canton de Vatan, ressemblait à un cri du cœur. Une sonnette d'alarme tirée. L'homme parlait du suicide d'un ami, un lundi soir, retrouvé pendu dans son garage.
Il évoquait un autre suicide, deux jours auparavant, à deux kilomètres de là. Et puis un autre encore, dans les mêmes violentes conditions : la pendaison. « Ce sont des gens que l'on connaît, avec lesquels, pour certains, on a bu un coup au café, quelques jours avant leur geste irrémédiable », poursuivait Jean. A tort, la culpabilité s'installe (voir encadré) et Jean de penser qu'il faut écouter les autres, instaurer plus de solidarité.
Entre 50 et 60 décès en 2012
Reste que le département de l'Indre – touché comme tous les autres départements de France, par des vagues de suicide – n'arrive pas, selon le Codes 36 (comité départemental d'éducation pour la santé) en pole position, comme on pourrait le penser. Et que, aussi bizarre qu'il y paraisse pour un département rural, ce n'est pas dans le monde agricole que l'on déplore le plus ces drames.
Depuis quelques jours les chiffres des suicides de l'ARS (Agence régionale de santé) sont tombés. Et entre la zone police (Châteauroux et première couronne) et la zone gendarmerie (reste du département), on comptabilise 51 suicides pour l'année 2012. Un nombre égal à celui de 2011. Pour la zone gendarmerie, ce sont 42 personnes qui ont décidé de mettre fin à leurs jours, pour cette seule année 2012, et 15 à Châteauroux.
Les statistiques mettent en exergue, sauf pour le début de l'année 2013, que ce sont plus des hommes qui se suicident. A 43 %, ce sont des retraités, qui ont entre 50 et 59 ans et/ou entre 80 et 89 ans. La solitude ne semble pas vraiment la première cause de ce geste fatal, car sur les 51 suicides enregistrés, 21 personnes étaient mariées.
Ce que les chiffres montrent, c'est qu'à 75 %, dans ce département, les gens mettent fin à leur vie par pendaison. Que les suicides médicamenteux sont plus rares. Très masculin, comme le coup de fusil, la pendaison est dans l'Indre, la solution finale également choisie par les femmes qui décident d'en finir.
Du reste, depuis le début de l'année 2013, il y a plus de femmes que d'hommes qui se sont suicidées et ce par pendaison. Le Codes 36, avec de nombreux partenaires comme la CPAM, la MSA Berry, l'Éducation nationale entre autres, mène des campagnes de prévention, relaie la journée nationale de lutte contre le suicide. N'en demeure pas moins que, malheureusement, on continue de déplorer chaque semaine ce type de drames humains.
Patricia Lange