lundi 25 février 2013

ARTICLE RECHERCHE MEDICALE Test sanguin et detection risque suicidaire

Bientôt un test sanguin pour détecter les personnes suicidaires ? Publié le 25 février 2013 par Émeline Ferard sur http://www.maxisciences.com/suicide/bientot-un-test-sanguin-pour-detecter-les-personnes-suicidaires_art28721.html

Des chercheurs australiens sont actuellement en train de développer un test sanguin qui permettrait de déterminer si une personne est suicidaire. Le procédé se baserait sur la mesure de la concentration d'un neurotransmetteur particulier, l'acide quinoléique.
Et s'il devenait possible à partir d'une simple goutte de sang de découvrir si une personne est suicidaire ou non ? En janvier dernier, des chercheurs suédois ont publié une étude suggérant que les tendances suicidaires pourraient être liées à la présence d'une inflammation dans le cerveau. Or, bien que légère, celle-ci conduirait notamment à une production excessive d'un composé organique particulier appelé acide quinoléique. Une molécule neurotoxique déjà impliquée dans des processus dégénératifs du cerveau comme ceux de la maladie d'Alzheimer.
D'après l'étude publiée dans la revue Neuropsychopharmacology, les personnes suicidaires auraient ainsi montré des niveaux significativement plus élevés de cette substance que celles qui ne le sont pas. En venant en aide aux auteurs de l'étude, des scientifiques australiens de l'University of New South Wales ont alors décidé d'aller plus loin. Partis de cette découverte, ils projettent aujourd'hui de mettre au point un test sanguin qui serait capable de mesurer les niveaux d'acide quinoléique et donc de déterminer si une personne est suicidaire ou non.
"Nous connaissons maintenant le mécanisme et la molécule impliquée, donc nous devons trouver un moyen simple de le tester", a expliqué le Pr Gilles Guillemin, impliqué dans le projet. Le test pourrait alors servir d'outil diagnostic pour les médecins qui veulent évaluer l'état mental d'une personne dépressive. "Nous pensons que cela prendra environ 12 mois de développer un test qui pourrait donner aux médecins des résultats en 24 à 48 heures", a précisé le scientifique à l'Australian Associated Press. 
Une prédiction difficile
Plus le niveau détecté d'acide quinoléique serait élevé et plus la personne serait susceptible de mettre fin à ses jours. Toutefois, comme le soulignent les spécialistes, le test sanguin ne suffirait pas à établir un diagnostic. Il servirait plutôt à compléter des soupçons ou des observations déjà réalisées. Mais savoir qu'une personne est suicidaire n'est encore pas la même chose que parvenir à prévenir le pire.
"La prédiction du suicide est difficile. Un test sanguin serait intéressant mais probablement pas très utile en terme d'indicateur spécifique parce qu'il y a tellement de facteurs qui influencent le comportement suicidaire", a commenté Bob Goldney, professeur en psychiatrie à l'Université d’Adélaïde, reconnaissant toutefois être enthousiasmé par la création d'un tel test.
D'ailleurs, ce test pourrait ne pas servir qu'à détecter les personnes suicidaires. Il pourrait permettre également de travailler sur la dépression et d'autres désordres mentaux afin d'en savoir plus sur les mécanismes chimiques impliqués et notamment sur le rôle de l'acide quinoléique.

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Référence étude concernée

Connecting inflammation with glutamate agonism in suicidality.


Sophie Erhardt, Chai K Lim, Klas R Linderholm, Shorena Janelidze, Daniel Lindqvist, Martin Samuelsson, Kristina Lundberg, Teodor T Postolache, Lil Träskman-Bendz, Gilles J Guillemin, Lena Brundin

Department of Physiology and Pharmacology, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden.
Neuropsychopharmacology: official publication of the American College of Neuropsychopharmacology (impact factor: 6.99). 12/2012; DOI:10.1038/npp.2012.248
Source: PubMed

ABSTRACT The NMDA-receptor antagonist ketamine has proven efficient in reducing symptoms of suicidality, although the mechanisms explaining this effect have not been detailed in psychiatric patients. Recent evidence points towards a low-grade inflammation in brains of suicide victims. Inflammation leads to production of quinolinic acid (QUIN) and kynurenic acid (KYNA), an agonist and antagonist of the glutamatergic N-methyl-D-aspartate (NMDA) receptor, respectively. We here measured QUIN and KYNA in the cerebrospinal fluid (CSF) of 64 medication-free suicide attempters and 36 controls, using gas chromatography mass spectrometry and high-performance liquid chromatography. We assessed the patients clinically using the Suicide Intent Scale and the Montgomery-Asberg Depression Rating Scale (MADRS). We found that QUIN, but not KYNA, was significantly elevated in the CSF of suicide attempters (P<0.001). As predicted, the increase in QUIN was associated with higher levels of CSF interleukin-6. Moreover, QUIN levels correlated with the total scores on Suicide Intent Scale. There was a significant decrease of QUIN in patients who came for follow-up lumbar punctures within 6 months after the suicide attempt. In summary, we here present clinical evidence of increased QUIN in the CSF of suicide attempters. An increased QUIN/KYNA quotient speaks in favor of an overall NMDA-receptor stimulation. The correlation between QUIN and the Suicide Intent Scale indicates that changes in glutamatergic neurotransmission could be specifically linked to suicidality. Our findings have important implications for the detection and specific treatment of suicidal patients, and might explain the observed remedial effects of ketamine.Neuropsychopharmacology advance online publication, 9 January 2013; doi:10.1038/npp.2012.248.